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Pas de panique ! – L’édito de Philippe Crevel

PAS DE PANIQUE !

La faillite de la Silicon Valley Bank et de quelques banques américaines ainsi que les difficultés du Crédit Suisse rappellent que l’économie contemporaine repose sur la bonne santé de ses établissements financiers et sur la confiance qu’ils inspirent. Le développement économique de ces deux derniers siècles n’a été, en effet, rendu possible que par celui du crédit, moteur de l’investissement. Les prêts permettent aux entreprises de s’équiper, de conquérir des parts de marché d’accroître leur chiffre d’affaires et aux particuliers d’acquérir notamment des biens immobilier. Les prêts sont la forme la plus naturelle et la plus équilibrée de la création monétaire. Sans crédit, pas de croissance ; sans crédit pas d’augmentation des revenus. Le travail des banques consiste à transformer de l’argent de court terme en argent de long terme en évaluant les risques encourus. En permanence, elles doivent être en capacité de faire face aux besoins de liquidités de leurs clients ce qui suppose une gestion actif/passif appropriée.

Aux États-Unis, plusieurs banques, fortement investies dans les start-ups qui se finançaient jusqu’à maintenant par des levées de fonds sur les marchés, ont été amenées à restituer à leurs clients tout ou partie des dépôts effectués. Ces dépôts, placés par les banques en obligations, ont vu leur valeur de marché fondre comme neige au soleil avec la hausse des taux d’intérêt. Sur le marché secondaire, il ne faut, en effet, pas oublier que le taux des obligations tendent à converger ce qui suppose un ajustement sur le montant du capital d’où le fait que les anciennes obligations émises à faibles taux valent moins que celles dont les taux sont plus élevés. Subissant d’amples moins-values, les banques en question ont été confrontées à un problème, assez classique, de liquidités. Ce phénomène a été accentué par la panique qu’il a généré. Les clients se sont précipités pour retirer leur argent provoquant ainsi un « bank run » pouvant mener  à la faillite en cas de non-intervention des pouvoirs publics. Le Crédit Suisse, de son côté, rencontre, depuis 2019, de graves problèmes en raison de mauvais investissements réalisés par sa banque d’affaires. L’annonce d’une nouvelle perte en 2022 et le refus d’un actionnaire saoudien de recapitaliser  ont provoqué un début de « bank run ». Comme pour les banques américaines, les autorités et les établissements financiers ont été contraints d’intervenir pour éviter l’effet domino.

« Le nombre de faillites reste faible et est toujours inférieur à son niveau de 2019 »

Les États ont retenu les leçons de la crise des subprimes de 2008/2009. À l’époque, les États-Unis avaient décidé de laisser tomber Lehman Brothers entraînant une déflagration qui s’était diffusée tout autour de la planète. Les faillites de 2023 n’ont pas l’ampleur de celle de Lehman Brothers et ont été vite circonscrites. Les banques, en particulier européennes, sont plus surveillées que dans le passé par les régulateurs et doivent respecter des ratios prudentiels exigeants. Ces derniers sont construits afin que les banques puissent faire face à des chocs de grande ampleur.

La bonne santé des entreprises est également un facteur important pour la solidité du système financier. Or, aujourd’hui, même s’il est en augmentation, le nombre de faillites reste faible et est toujours inférieur à son niveau de 2019. Le taux de marges des entreprises reste correct, ces dernières continuant de disposer de réserves de trésorerie importantes tout en poursuivant leur effort de modernisation. L’accumulation rapide des crises a, sans nul doute, endurci le caractère des dirigeants et des créateurs d’entreprise dont la résilience s’est accrue. À la différence des crises économiques passées, ces derniers ne remettent pas en cause leur programme d’investissements. Des banques et des entreprises saines sont les meilleures garanties pour une reprise économique que nous souhaitons toutes et tous la plus forte et rapide possible.

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