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Le crédit, un outil moderne et incontournable – L’édito de Philippe Crevel

LE CRÉDIT, UN OUTIL MODERNE ET INCONTOURNABLE

La France serait pénalisée en raison de la faiblesse des fonds propres de ses entreprises. Leur insuffisance expliquerait la difficulté des petites et moyennes entreprises à se muer en entreprises de taille intermédiaire. Cette antienne est exagérée voire sans fondement. En Allemagne, les entreprises sont, tout autant qu’en France, financées par crédits bancaires ce qui ne les empêche nullement d’être performantes. Si différence il y a, elle provient des liens que les PME allemandes tissent, au fil des années, avec les établissements financiers. Ces derniers jouent, outre-Rhin, un rôle important de conseil et de soutien auprès des entreprises. Les relations avec les entreprises se réalisent au plus près du terrain. La nature fédérale du pays y incite tout comme le maillage fin du territoire par les banques locales (Sparkassen). En France, le marché bancaire est plus concentré. La grande taille des établissements rend plus difficile la mise en œuvre du principe de subsidiarité. Les courtiers spécialisés dans les activités financières et notamment de crédits assurent de plus en plus cette fonction essentielle de conseil personnalisé, indispensable pour obtenir les financements adaptés aux besoins des entreprises et au meilleur coût.

Au-delà des questions de distribution, il convient de souligner que le financement des entreprises par le crédit est préféré par les chefs d’entreprise car il est considéré comme moins aliénant que celui effectué par des apports de fonds propres extérieurs. Les fonds d’investissement exigent des rentabilités souvent bien supérieures aux taux des crédits bancaires. S’ils peuvent apporter un regard extérieur, ces fonds ont tendance à s’immiscer dans la gestion de l’entreprise. Les contraintes l’emportent sur les avantages au point que les chefs d’entreprise ayant fait appel à des fonds d’investissement faute de pouvoir  accéder au crédit bancaire, aspirent fréquemment, à retrouver, le plus vite possible, leur indépendance. Un prêt à taux fixe est une sécurité pour les entreprises. Si elles sont évidemment dans l’obligation de le rembourser, elles disposent d’un échéancier clair et préétabli, ce qui n’est pas toujours le cas avec un actionnaire ou un apporteur de fonds dont les exigences peuvent varier dans le temps.

« L’accès au crédit pourrait ainsi, au cours du second semestre, être plus facile »

La hausse des taux d’intérêt remettrait-elle en cause ce modèle de croissance ? Faudrait-il tirer un trait sur le financement des entreprises par le crédit bancaire ? Certes, les taux ont augmenté de trois points sur un an et les coûts d’endettement se sont accrus, mais il faut savoir raison gardée. Les taux d’intérêt n’en demeurent pas moins plus faibles qu’en 2014. Par ailleurs, compte tenu de l’inflation, ils demeurent, en valeur réelle, négatifs. Le processus de hausse devrait atteindre son apogée d’ici les prochains mois, l’inflation semblant avoir atteint le sien au cours du premier semestre. Il n’y a pas de crise de financement des entreprises. Leurs bons résultats constituent un gage de remboursement pour les banques qui peuvent, en outre, compter sur l’abondance de l’épargne. L’accès au crédit pourrait ainsi, au cours du second semestre, être plus facile, d’autant plus qu’une reprise de la consommation est attendue avec la normalisation de la situation sur le terrain des prix. La demande interne sera également stimulée par l’investissement porté par la décarbonation des activités et par le digital.

Le crédit est l’outil clef du développement des entreprises. Son essor a permis celui de l’économie à la fin du XVIIIe siècle. Plus de deux cents ans plus tard, il demeure moderne et incontournable !

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