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La création d’entreprise en France, une belle réussite à fortifier – L’édito de Philippe Crevel

LA CRÉATION D’ENTREPRISE EN FRANCE, UNE BELLE RÉUSSITE À FORTIFIER

En 2020, près de 850 000 entreprises ont été créées, contre 690 000 en 2018. La France figure, avec le Royaume-Uni et le Portugal, parmi les pays européens les plus dynamiques en matière de création d’entreprise. La simplification des formalités administratives et la création du statut d’auto-entrepreneur en 2009 ont facilité le processus de création d’entreprise. Les Français souhaitent de plus en plus être maîtres de leur travail. Pour la très grande majorité, le choix de la création est exclusif de toute autre forme d’activité. Le passage à la création d’entreprise est souvent l’aboutissement d’une réflexion, d’un choix de vie. Le nombre de femmes créatrices d’entreprise augmente rapidement. Elles sont à l’origine de 40 % des créations en 2019, contre 30 % en 2012. De plus en plus de jeunes font également ce choix dès leur sortie de formation sans passer obligatoirement par une grande entreprise, ainsi 38 % des créateurs ont moins de 30 ans. 70 % des entreprises sont créées par des primo-créateurs. Près de la moitié des créateurs optent pour le statut de la micro-entreprise (anciennement baptisés auto-entrepreneurs).

Épidémie et création d’entreprise

Au début de l’épidémie, un passage à vide a été constaté pour la création d’entreprise. Depuis la fin du premier confinement, un rebond important est intervenu. Ce phénomène est assez classique en période de crise. Des salariés ayant perdu leur emploi ou qui craignent pour leur avenir professionnel décident de passer à l’acte. Cette décision traduit également une volonté de rupture. La création d’entreprise est souvent la concrétisation d’un projet de vie mûri durant de longs mois. Le confinement a pu accélérer cette maturation. De plus en plus de Français souhaitent redonner du sens à leur travail en créant leur activité ou en valorisant leur passion. Pour un certain nombre d’entre eux, la création de son entreprise traduit le désir de se libérer des grandes structures.

Le dynamisme de la création d’entreprise, en France, ne saurait pour autant masquer plusieurs faiblesses qui se traduisent notamment par un nombre plus élevé de faillites qu’ailleurs. Les entreprises créées peinent à grandir et demeurent fragiles. Le manque de fonds propres est un problème récurrent. Les entrepreneurs français mobilisent moins de capital, au moment de la création que leurs homologues étrangers. Cette caractéristique s’explique par le nombre élevé de micro-entrepreneurs. Or, l’INSEE, dans une de ses études, a démontré que la pérennité des entreprises tend à s’accroître avec les moyens financiers engagés au démarrage. Ce manque de capital entrave le développement des entreprises. La France est championne incontestée des TPE et des PME mais enregistre un fort déficit dans les entreprises de taille intermédiaire. Les jeunes entreprises françaises investissent également moins que leurs concurrentes étrangères ce qui nuit à leur essor. L’investissement est un gage de survie. Il permet bien souvent de rationaliser la production de biens ou de services et d’améliorer la qualité. La forte aversion aux risques des créateurs qui, par ailleurs, disposent de peu de temps pour élaborer une stratégie de moyen terme explique cette faiblesse. Les entreprises qui intègrent des réseaux ou qui peuvent compter sur des solidarités locales comme en Vendée par exemple, investissent davantage et connaissent des taux de survie plus élevés. Les jeunes entreprises françaises embauchent également moins que celles de l’Union européenne. Les contraintes administratives et le coût du travail expliquent en partie cette spécificité qui est évidemment une entrave à l’essor de l’entreprise. Les entreprises souffrent également du faible niveau de la formation initiale et continue. Le manque d’ingénieurs se fait durement ressentir dans le domaine industriel. Par ailleurs, les meilleures élèves en particulier en informatique ont tendance à s’expatrier à la recherche de conditions salariales et de vie plus satisfaisantes.

Le dynamisme de la France

Au-delà de ces quelques faiblesses, la création d’entreprise, par son dynamisme, contribue à redessiner le capitalisme français. Elle permet la digitalisation. La France compte plus de 10 000 start-ups. Ce nombre progresse de 20 % chaque année. Elles ont levé près de 4,5 milliards d’euros et créé 10 000 emplois. La survie du tissu économique dépend de sa capacité à se renouveler, à évoluer en intégrant les nouvelles technologies. L’économie française retrouvera des couleurs non pas par des relocalisations administrées ou par le protectionnisme mais grâce à la croissance de ses jeunes entreprises.

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