Cette année, la rentrée a commencé plus tôt que prévu. Les feuilles des arbres sont tombées dès le mois d’août, brûlées par la canicule, comme si l’automne avait voulu devancer le calendrier. François Bayrou a créé l’événement le 25 août dernier en engageant la responsabilité du gouvernement. Cette rentrée sur les chapeaux de roue, sur fond de déficits publics et de tensions sociales, est marquée par de nombreux nuages qui risquent d’obscurcir un horizon plus clair qui semblait pourtant se dessiner.
La France et l’Europe entrent dans un nouveau cycle économique, où les signes de récession qui planaient encore en début d’année s’estompent peu à peu. Les enquêtes de conjoncture dans plusieurs pays s’améliorent, les carnets de commandes se regarnissent et, surtout, les effets de la baisse des taux commencent à se faire sentir. Après deux années de resserrement brutal, les conditions de financement s’assouplissent avec l’abaissement des taux directeurs décidé par la Banque centrale européenne. Les établissements financiers peuvent désormais consentir plus aisément des crédits, les entreprises retrouvent des marges de manœuvre et les ménages entrevoient à nouveau la possibilité de financer leurs projets immobiliers.
Baisse des taux et plan de relance allemand : les deux moteurs de la reprise en Europe
En Allemagne, le plan de relance du chancelier Friedrich Merz, de plus de 800 milliards d’euros, centré sur l’investissement dans les infrastructures, l’innovation et la défense, agit comme une locomotive. Le pays entend tourner la page de la crise énergétique née de la guerre en Ukraine et répondre aux défis géopolitiques du siècle. Pour les PME françaises, la dynamique allemande constitue une promesse de débouchés, tant les deux économies sont étroitement imbriquées.
Les dirigeants publics et privés espèrent un recul de l’épargne au profit de la consommation. La crise politique en France risque malheureusement d’avoir l’effet inverse, mais à l’échelle européenne, une détente semble possible. La propension à l’épargne, ces deux dernières années, tenait à l’inflation et à l’incertitude quant à l’avenir. L’envie de consommer, longtemps contenue, pourrait désormais se libérer. Des dépenses différées, notamment dans l’automobile et l’équipement du logement, trouvent un terrain favorable. En France, l’âge moyen des véhicules approche 11 ans, ce qui plaide pour un renouvellement massif. Le marché de l’électrique, encore hésitant il y a peu, commence à frémir en France comme en Europe, porté par le succès de la nouvelle R5 électrique. Bien évidemment, les signaux en faveur d’un rebond de la croissance demeurent fragiles. Pour se concrétiser, celui-ci suppose une hausse de l’investissement des entreprises, qui n’est possible qu’avec la restauration de la confiance.
Dans l’économie comme dans la nature, le cycle reprend toujours ses droits. La détente des taux d’intérêt initiée par la Banque centrale européenne et le plan de relance allemand influenceront, dans les prochains mois, l’économie française, contrebalançant, espérons-le, les effets sclérosants liés aux incertitudes de la politique nationale.
Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.
FAQ — Reprise économique en France et en Europe : quels enjeux ?
Articles similaires
Les 5 erreurs les plus fréquentes lors d’une demande de financement bancaire et comment y remédier.
LIRE LA SUITEVous souhaitez faire rentrer un fonds à votre capital ? Découvrez nos conseils pour booster votre épargne et atteindre vos objectifs financiers.
LIRE LA SUITE