Depuis deux ans, les entreprises comme les ménages sont confrontés à un sévère resserrement de l’accès au crédit. L’investissement et la croissance en ont pâti. La France, contrairement à l’Allemagne, a néanmoins réussi à échapper à la récession grâce à la bonne tenue de ses services notamment durant les jeux Olympiques. En 2024, selon les dernières données de la Banque de France, les crédits alloués aux PME ont stagné, voire régressé. Les secteurs traditionnels, comme la construction ou l’industrie manufacturière, ont particulièrement souffert. Le durcissement des ratios de solvabilité imposés par les régulateurs européens constitue un autre facteur pour expliquer les réticences des établissements bancaires. Ces derniers sont en effet tenus de renforcer leurs fonds propres, ce qui limite leur capacité à prêter.
Avec la baisse de l’inflation dans la zone euro, la Banque centrale européenne s’est engagée, depuis le mois de juillet, dans un cycle de baisses de ses taux directeurs. Les entreprises ne peuvent que s’en réjouir. Le taux des emprunts qui leur sont destinés sont ainsi passés de près de 5 % en novembre 2024 à 4,5 % cet été. Ils devraient encore diminuer de 0,5 point d’ici le printemps 2025.
L’année 2025 s’annonce cruciale pour les entreprises
Les entreprises sont, en France, extrêmement sensibles aux variations de taux. En effet, 70 % de leur financement s’effectue par le crédit bancaire. Pour les PME, cette proportion dépasse même les 90 %. Nombre d’entre elles ont dû, ces derniers mois, différer leurs projets d’investissement en raison de la hausse des taux et de l’atonie de la demande. L’accès aux crédits pour les entreprises est, de ce fait, un sujet majeur. Dans un contexte économique contraint, celui-ci dépend en premier lieu du sérieux de l’entreprise et en second lieu de sa capacité à le démontrer. Avoir de bons résultats et un projet de développement cohérent sont des critères clefs. Le chef d’entreprise ne doit pas hésiter à se faire conseiller et à préparer son dossier afin de répondre aux mieux aux exigences des banques.
Quoi qu’il en soit, l’année 2025 s’annonce cruciale pour les entreprises françaises en quête de financement. La prolongation de la trajectoire de baisse des taux augure une augmentation du volume de prêts, surtout si les incertitudes économiques et politiques s’atténuent. En revanche, les entreprises devront compter davantage sur elles-mêmes avec la réduction des aides publiques, en lien avec l’amorce d’un assainissement des comptes publics. Comme souvent, elles devront faire preuve d’agilité et de sens de l’innovation pour garder le cap.
Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.
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