Depuis 2020, les entreprises ont affronté une succession de chocs majeurs : la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, le retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Ces événements ont comprimé leurs marges, tout en les confrontant à des difficultés d’approvisionnement, à des pénuries de main-d’œuvre et à une explosion des coûts de production.
Un environnement économique encore contraint
Depuis avril, l’inflation en France est retombée sous la barre des 2 %, en grande partie grâce au recul des prix de l’énergie. Pourtant, entre 2022 et 2023, l’inflation cumulée a dépassé 10 %, et ce chiffre masque des augmentations bien plus marquées pour certaines entreprises. En cette fin d’année 2024, le prix du gaz reste 150 % plus élevé qu’en 2021, tandis que celui de l’électricité affiche une hausse de plus de 30 %. Ces augmentations pèsent lourdement sur les secteurs énergivores comme la chimie ou l’automobile, où les entreprises peinent à maintenir leur compétitivité sur les marchés internationaux.
Au-delà des coûts énergétiques, la hausse des salaires amplifie les tensions sur les marges des entreprises. En 2023, les salaires ont augmenté de 4,2 % en moyenne, selon l’INSEE, une progression alimentée par l’inflation et les tensions sur le marché du travail. Dans les services, où la masse salariale représente environ 70 % des coûts, ces revalorisations sont particulièrement lourdes. Simultanément, la productivité par tête s’est érodée, diminuant entre 2019 et 2023 de près de 5 %. Cette baisse s’explique notamment par l’essor des services à faible productivité, le recours accru à l’apprentissage et la rétention d’effectifs malgré une baisse de la production dans certains secteurs industriels. Face à ces pressions, les entreprises n’ont pas entièrement répercuté l’augmentation de leurs coûts sur leurs prix. En effet, la demande reste fragile, et les consommateurs, frappés par une baisse de confiance et un recul de leur pouvoir d’achat, arbitrent de plus en plus en faveur des produits bon marché. Selon l’INSEE, en 2024, 60 % des ménages français ont réduit leurs dépenses non essentielles.
L’innovation comme levier de résilience
Pour limiter ces contraintes, l’innovation apparaît comme un levier essentiel. Selon une étude de McKinsey de 2022, les entreprises ayant automatisé leurs processus logistiques ont réussi à réduire leurs coûts opérationnels de 20 à 30 %. En 2023, près de 45 % des entreprises françaises ont également raccourci leurs chaînes d’approvisionnement, diminuant leur dépendance aux fluctuations des prix internationaux et aux tensions géopolitiques. Par ailleurs, la transition écologique, souvent perçue comme un défi, peut aussi devenir un atout économique. Selon l’ADEME, les entreprises qui ont adopté des démarches d’écoconception ont non seulement réduit leurs coûts de production, mais également accru leurs ventes, grâce à une réponse adaptée aux attentes des consommateurs en matière de durabilité.
Quelles perspectives pour 2025 ?
En 2025, l’inflation devrait se stabiliser autour de 2 %, un niveau jugé favorable pour les entreprises. Toutefois, la reprise économique pourrait rester lente, en raison des nombreuses incertitudes internationales. Les difficultés persistantes de l’Allemagne, premier partenaire commercial de la France, freinent la dynamique européenne. Par ailleurs, les orientations protectionnistes de certains pays, comme les États-Unis, risquent d’avoir des répercussions sur les échanges, les prix et les taux d’intérêt.
Dans ce contexte, les entreprises devront trouver un équilibre subtil entre innovation, maîtrise des coûts et satisfaction des attentes des consommateurs. Miser sur la productivité, optimiser les processus et adapter les offres à une demande plus segmentée seront autant de défis à relever pour préserver leur compétitivité.
Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.
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