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Libre-échange, n’ayons pas peur ! – L’édito de Philippe Crevel

LIBRE-ÉCHANGE, N’AYONS PAS PEUR !

Les exportations représentent un tiers du PIB de la France et sont à l’origine de plus d’un quart des emplois. Pour autant, tout accord de libre échange est vécu, dans notre pays, comme une menace susceptible de générer des destructions d’emplois et des faillites d’entreprise. Le rejet, par le Sénat, de l’accord commercial (CETA) avec le Canada illustre la tentation de plus en plus forte du protectionnisme. Avoir peur d’un pays peuplé de 38 millions d’habitants, situé à plus de 6 800 kilomètres, traduit un étonnant manque de confiance en soi. Il ne faut pas oublier que l’Union européenne, avec ses 450 millions d’habitants, est la première puissance commerciale mondiale. Ce fameux accord, appliqué de manière provisoire depuis 2017 ; s’avère bénéfique pour la France et, en particulier, pour son agriculture. En six ans, les exportations françaises vers ce pays ont, en effet, progressé de 33 %. L’excédent commercial s’est accru pour les boissons ainsi que pour les produits laitiers chimiques ou cosmétiques. Les importations d’énergie, de matériels de transports, de produits informatiques ou électroniques ont, de leur côté, augmenté. En revanche, l’accord n’a donné lieu à aucune importation de volaille et n’a pas abouti à l’augmentation de celles de viande bovine. Il ne faut pas, par ailleurs, négliger le fait que de nombreuses entreprises européennes – dont Airbus et Alstom – sont implantées au Canada  contribuant aux échanges croisés entre les deux zones économiques. La remise en cause du libre-échange avec le Canada, un pays aux structures proches de celles de l’Europe, est, en soi, illogique. Les échanges internationaux sont d’autant plus avantageux que les pays sont économiquement proches. Les opposants au libre-échange récusent le théorie économique des « avantages comparatifs » en vertu de laquelle les pays ont tout avantage à se spécialiser non pas dans les secteurs où ils sont les meilleurs mais dans ceux où ils sont les moins mauvais. Le commerce international obéît à une logique gagnant/gagnant. Un exportateur n’a pas vocation à porter préjudice à ses clients pour continuer de vendre. C’est pour cette raison qu’assimiler les échanges commerciaux à la guerre économique est une ineptie. Evidemment, un encadrement ou plutôt une régulation est nécessaire pour éviter les pratiques déloyales comme le dumping ou le recours à des subventions faussant la libre concurrence. Tout accord prévoit des procédures en cas de différends. Le commerce, ce n’est pas la jungle. Il y a des lois devant être respectés par l’ensemble des acteurs.

PROTECTIONNISME = RENONCEMENT OU DÉCLIN !

En ces temps troublés, les barrières tarifaires et non tarifaires ont tendance à se multiplier aux États-Unis, en Chine et en Europe. Ces barrières contribuent au ralentissement du commerce mondial et freinent la croissance. Dans l’histoire économique, les périodes de libre-échange se caractérisent toujours par une expansion rapide quand celles marquées par le protectionnisme riment avec stagnation ou dépression. L’instauration de droits de douanes ou de contingentements pénalisent les consommateurs avec la hausse des prix sans protéger les salariés ou les entreprises. Elle ralentit les gains de productivité et la diffusion du progrès technique. Aux États-Unis, dans les années 1970, les mesures prises contre les aciers japonais et européens afin de sauver des emplois dans la sidérurgie se sont avérées contreproductives. Elles ont provoqué le déclin de l’industrie automobile américaine, contrainte d’utiliser de l’acier plus cher et de moins bonne qualité. Toute sanction commerciale appelle, par ailleurs des mesures de rétorsion créant ainsi une spirale délétère aboutissant à l’autarcie. La France n’a rien à gagner à entrer dans un tel cycle. Elle y perdrait en compétitivité, en croissance et en emplois. Le choix du protectionnisme serait celui du renoncement et du déclin. Or, que ce soit au niveau de l’aéronautique, de la construction naval, de l’énergie, de l’agriculture, de la finance, du luxe ou de la pharmacie, la France possède de nombreux atouts reconnus au-delà de ses frontières !

Philippe CREVEL

Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.

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