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Du pain et des jeux – L’édito de Philippe Crevel

La France connaîtra-t-elle, dans les prochains mois, une dépression post Jeux olympiques et para-olympiques comme ce fut le cas, dans le passé, pour les autres pays organisateurs? Si en amont et pendant les compétitions, les Jeux génèrent un surcroît de croissance, que ce soit pour le bâtiment, les travaux publics, les transports, l’hébergement-restauration ou la sécurité, une fois achevés, l’économie connaît un dur retour aux réalités. Si La France a certainement échappé à la récession en 2023 et 2024 grâce à la construction d’infrastructures, après le mois de septembre, un contrecoup n’est donc pas impossible bien que le tourisme traditionnel, en souffrance depuis le mois de juin, puisse suppléer partiellement à la disparition de celui lié aux épreuves sportives. La diffusion mondiale de la cérémonie d’ouverture des Jeux donnera, sans nul doute, envie à de nombreux étrangers de venir en France en fin d’année et surtout en 2025, mais un délai de latence est à prévoir. Quoi qu’il en soit, l’INSEE s’attend à un recul du PIB au troisième trimestre de 0,1 point avant un rebond potentiel en fin d’année. Celle-ci dépendra de l’évolution de la consommation des ménages et de l’investissement.

UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE MARQUÉ PAR LA PRUDENCE ET L’INCERTITUDE

Depuis la crise sanitaire de 2020, les Français privilégient l’épargne. Le taux d’épargne demeure de 2 à 3 points au-dessus de son niveau de 2019. Avec la désinflation, la consommation est censée progresser. Le bon maintien de l’emploi devrait jouer en ce sens. Pour le moment, les conséquences de la crise politique que connaît la France depuis le mois de juin sont difficiles à évaluer. Les acteurs économiques semblent être en proie à la prudence comme le prouve la dégradation du moral des chefs d’entreprise, mesuré par l’INSEE, au mois de juillet dernier. Les incertitudes sur le futur de la politique budgétaire et fiscale n’incitent guère à la prise de risque. L’élection américaine qui demeure indécise pèse également sur la conjoncture mondiale, tout comme le ralentissement de la croissance chinoise. La bonne nouvelle devrait venir de la Banque Centrale Européenne qui devrait baisser ses taux directeurs, à une voire à deux reprises, d’ici la fin de l’année. Cette diminution favorisera l’investissement et, de ce fait, l’immobilier. Elle marquera aussi le signal de la fin de la vague inflationniste.

Toute rentrée est par nature complexe et anxiogène. Celle de 2024 n’échappera pas à la règle. Malgré tout, une légère amélioration de la croissance est attendue d’ici le mois de décembre, et surtout en 2025, avec le redémarrage de l’économie allemande, encalminée depuis deux ans. Comme l’avait écrit le dramaturge et ancien Président tchèque, Václav Havel « l’espoir est un état d’esprit. C’est une orientation de l’esprit et du cœur. Ce n’est pas la conviction qu’une chose aura une issue favorable mais la certitude que cette chose a un sens quoi qu’il advienne ». Vive la rentrée !

Philippe CREVEL

Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.

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