Avec une dette publique de plus de 3 000 milliards d’euros et un déficit commercial avoisinant 81 milliards, la France cumule les handicaps. S’y ajoutent les prélèvements obligatoires supérieurs à 43 % du PIB, les coûts salariaux parmi les plus élevés du monde, un temps de travail parmi les plus faibles, et une situation politique des plus confuses… Dans ce contexte, qui pourrait avoir l’idée saugrenue d’investir en France ? Et pourtant, notre pays demeure celui qui accueille, en Europe, le plus d’investissements d’origine étrangère.
À Dunkerque, Microsoft va investir plus de 4 milliards d’euros dans des centres de données de nouvelle génération. À Belfort, General Electric renforce la production de turbines à gaz. En Bretagne, Premier Tech étend ses activités dans la fertilisation agricole. En Île-de-France, les géants du numérique – Amazon, Google, Meta – développent leurs infrastructures. Partout, des emplois sont créés, et un tissu économique local est dynamisé… Tous ces investisseurs seraient-ils aussi fous que les Romains d’Astérix et Obélix ? Certainement pas !
Lors du 8ᵉ sommet « Choose France », qui s’est tenu au Château de Versailles du 19 au 21 mai derniers, plus de 200 chefs d’entreprise internationaux ont répondu présents. À cette occasion, plus de 20 milliards d’euros d’investissements destinés à financer de nouveaux projets ont été annoncés. En ceux déjà rendus publics dans le domaine de l’intelligence artificielle, le total approche même les 41 milliards d’euros. Ce montant correspond, selon Rexecode, à 6 % des investissements réalisés chaque année par les entreprises en France.
Une attractivité économique qui déjoue les pronostics
Si la France attire malgré ses défauts, ses failles, ses faiblesses, c’est qu’elle dispose d’atouts indéniables. Le premier d’entre eux est l’importance de son marché intérieur, avec plus de 68 millions d’habitants au pouvoir d’achat élevé. Même si le taux de fécondité recule, la population française continue de croître, ce qui constitue, par ailleurs, un moteur de croissance. La France, au cœur de l’Europe occidentale, bénéficie également d’infrastructures de qualité. Elle possède le plus grand nombre d’aéroports commerciaux au sein de l’Union européenne. Elle se classe au troisième rang pour la densité de son réseau autoroutier, et occupe la deuxième place – juste derrière l’Espagne – pour l’accès au très haut débit Internet. Le niveau de formation de ses actifs, bien que régulièrement critiqué, est souvent envié. Ses établissements d’enseignement supérieur – notamment ses grandes écoles – jouissent d’une solide réputation, et l’État continue – malgré des finances publiques dégradées – à soutenir l’effort de recherche fondamentale.
L’’évolution de la France inquiète mais il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas la seule à affronter des difficultés. Et comme le dit l’adage : « Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console ».Les Français, d’un naturel pessimiste, sont, à cet égard, plutôt enclins à l’autoflagellation, donnant ainsi raison à l’écrivain Sylvain Tesson, « la France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer. » Heureusement, les investisseurs étrangers viennent nous rappeler, par leur confiance renouvelée, que notre pays demeure attractif – et qu’il mérite que nous y croyions, nous aussi.
Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.
FAQ – France, un enfer si désirable !
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